De profonds chocs socio-politiques sont proches parce que nous n’arriverons plus à assurer la cohésion sociale.
La croissance économique est une échappée dans le futur. Son absence devient une prison puisqu’il n’est pas possible de se projeter dans un avenir économique meilleur.
Quels sont les murs de cette geôle ? Il s’agit de la gigantesque soustraction des dettes que nous avons contractées et qui doivent être défalquées de notre futur, comme un monde qui se renverserait. Il s’agit, bien sûr, de la dette publique, mais aussi des autres dettes sociales, comme l’accentuation des inégalités et des dettes sociétales dont les latences environnementales et climatologiques. Les pensions relèvent de cette problématique : un nombre réduit de travailleurs actifs n’arrivera pas à assumer l’augmentation de l’espérance de vie, dont il faut pourtant se réjouir.
L’endettement des États, aggravé par la déflation, va les priver des moyens d’assurer la cohésion civile.
Cette déduction du futur, qui ne peut plus s’opérer sur la croissance, pourrait conduire à l’exclusion et à la prédation, d’autant que la pénétration dans l’économiedigitale va temporairement pulvériser des pans entiers de l’économie marchande.
Les démocraties sont mises à l’épreuve dans le sillage des chocs économiques.
Insidieusement, d’autres configurations politiques, plus autoritaires, risquent d’émerger.
Karl Marx a écrit que l’histoire a plus d’imagination que les hommes. Nous longeons les abîmes de grands chocs socio-économiques. Les configurations sociales deviennent extrêmement vulnérables.
Cet opuscule reprend les textes de l’auteur publiés entre l’automne 2014 et le printemps 2015. Les perspectives abordées relèvent de la politique monétaire et de la gouvernance de la Banque centrale européenne, de l’euro, de la crise grecque et de la déflation, trop longtemps niée. De nombreux textes sont consacrés aux configurations sociétales et aux ordonnancements sociaux qui sont mis à mal par la crise.