Recueil de chroniques 2012
L’Europe s’effondre sous la récession, l’endettement public et une monnaie unique qui a piégé ses États participants dans un système comparable à celui de l’étalon-or.
Pourtant, tout pourrait être différent si on reconnaissait que les logiques d’État-providence nous ont enfermés dans une dette publique insupportable. Tout pourrait être autre si on sortait des réflexes idéologiques conduisant à ne pas admettre que l’ordre marchand est l’état naturel de l’économie et que le monde a basculé dans le capitalisme. Et tout pourrait aussi être différent si certains comprenaient que le pire choix, c’est d’essayer de résorber les déficits publics par une austérité aveugle alors que nous plongeons dans le plus profond trou d’air économique depuis près d’un siècle.
Ceux qui, aujourd’hui, prônent l’austérité, la taxation et la rigueur implacables pour sortir d’une situation récessionnaire sont gravement dans l’erreur. Non seulement dans l’erreur historique, mais aussi dans l’erreur d’appréciation. À partir du moment où la dette publique atteint des sommets que la croissance économique ne peut plus éroder, c’est seulement par la perte de valeur de la monnaie, c’est-à-dire l’inflation modérée, qu’une économie peut retrouver des bases stabilisées et éviter la suffocation sous l’impôt.
Le risque de l’erreur de jugement des prophètes de la rigueur obstinée, c’est que l’ordre social soit, à un moment, perturbé et conduise à des discontinuités politiques. Certains pays en sont proches.